Le mouvement « Insistance » Bruxelles : art, psychanalyse et politique et Le Gué, centre thérapeutique et culturel vous invite à une journée de réflexion hautement (vi)révoltante ! 

 La folie, un destin ? 

Nous nous réjouissons de vous accueillir ce 8 décembre dès 9h00 pour partager les pensées, les avancées et les expériences sur ce thème avec Françoise Davoine, psychanalyste, Arlette Costecalde, psychiatre et psychanalyste, Dany-Robert Dufour et Marc Goldschmit, philosophes. 

Il nous semble essentiel d’entendre ce que les fous ont à nous dire sur la psyché, la démocratie, l’humanisation, l’art, l’écriture et sur la psychanalyse toujours en train de se recréer. Ainsi que sur la circulation de l’esprit. La folie n’est pas un destin pas plus que la névrose. Il s’agit de travailler autrement, ce n’est pas facile mais c’est au risque de cette rencontre avec la folie que la psychanalyse et une certaine philosophie aujourd’hui pourront réouvrir ou ouvrir des pans de leur théorisation. Un corps qui ne peut accueillir un sujet vivant devient un tombeau. La voix qui nous appelle à devenir sujet de désir dans un corps vivant et mortel est une voix qui est traversée par la vie. Pour rencontrer les « fous » et sans doute aussi pour parler au sens fort, il s’agit de se tenir au bord de ce gouffre où la parole est perdue et ne pas reculer. Prendre le risque de perdre tout, tout savoir et toute possibilité de comprendre pour qu’ils puissent prendre le risque de s’ouvrir dans un lien donateur de parole. Parler c’est vivre et vivre c’est donner la vie ! les fous ont eu à faire avec une parole fallacieuse qui ne révèle pas la dimension d’altérité où seulement le sujet parlant peut se fonder en vérité.  

« M’avoir collé un langage dont ils s’imaginent que je ne pourrai jamais me servir sans m’avouer de leur tribu, la belle astuce ! Je vais le leur arranger, leur charabia, leur sabir. » Samuel Beckett 

« Le forcené n’est pas celui qui force, mais celui qui, comme Artaud ou Van Gogh, perd la raison en étant sensé comme nul autre. » Jacques Derrida 

« Et il avait raison Van Gogh, on peut vivre pour l’infini, ne se satisfaire que d’infini, il y a assez d’infini sur la terre et dans les sphères pour rassasier milles grands génies, et si Van Gogh n’a pas pu combler son désir d’en irradier sa vie entière, c’est que la société le lui a interdit. » Antonin Artaud 

 

 

Programme de la journée 

9H00 : Accueil 

9h30 : « La folie est plus engin que destin. » par Françoise Davoine. 

Dans ce vers d’un poète du XIII° siècle,  Hue de Rotelande, le mot « engin » évoque pour nous un moteur qui change en force dynamique l’approche déficitaire de la psychose par des diagnostics et des structures inamovibles. Cet engin est celui du transfert spécifique qu’elle déclenche, réputé impossible par la psychanalyse orthodoxe, car il inverse les rôles à des moments critiques, dans une visée démocratique et créative . Elle permet de passer de l’arrêt du temps dans une fatalité désastreuse au déploiement d’une intelligence clandestine et inventive qui donne lieu à la naissance d’un sujet politique sur des zones éradiquées de l’histoire. Au croisement d’une micro-histoire singulière avec les catastrophes de la grande Histoire. Au sens médiéval, le mot engin traduit le latin ingenium : l’intelligence, la créativité, dont l’étymologie comporte le verbe naître,  geno,. Je citerai donc les auteurs, « nos meilleurs alliés, dit Freud, car ils savent plus de choses entre ciel et terre que nos écoles de psychanalyse », qui m’ont accompagnée sur le chemin de la fol 

Psychanalyste, agrégée de lettres classiques, docteur en sociologie, Elle donnedepuis 1979 des conférences régulières au Austen Riggs Center à Stockbridge, en Massachusetts. Elle est membre de l’ISPS USA (International Society for Psychological and Social Approaches to Psychosis). Son travail de pensée étudie le rapport entre la folie et le lien social, ou comment la folie est un mode d’exploration des failles du lien social.Elle a publié notamment Mère Folle (Arcanes-Érès, 1998), Don Quichotte, pour combattre la mélancolie (Stock, 2008), et avec Jean-Max Gaudillière, Histoire et trauma (Stock, 2006). 

10h50 : Pause 

11H15 :  Instantané musical de Shakuhachi et voix. Dominique Bertrand (écrivain et musicien) et Iris Pattyn (thérapeute de voix et musicienne) 

11H30 :   « Où est ma folie, dans celui qui l’incarne ou dans le discours de l’autre ? » par Arlette Costecalde.  

Ce sont les psychotiques, ceux que l’on nomme “les fous“ qui m’ont appris mon métier. Ces patients rencontrés dans les hôpitaux psychiatriques me revoyaient à mes propres questions restées en souffrance. Leurs questions, mes questions étaient les mêmes. Seules différaient nos tentatives de réponses. Elles étaient hurlées par eux parfois jusqu’au délire, parfois jusqu’au silence. Mais nos questions étaient les mêmes. Questions de l’être en tant que sujet, car la question est là, elle est toujours posée, fût-ce dans le remaniement le plus fou des discours. 

 

Psychiatre, psychanalyste, membre d’Espace analytique, association de formation et de recherches freudiennes fondée par Maud Mannoni. Elle a publié “Aline ou l’impensable du corps” chez (Eres en 2006). 

 

12H45 : Repas 

 

13H30 : « Et si Artaud avait été fou pour nous ? »  par Dany-Robert Dufour
Je ferai l’hypothèse qu’Artaud était un théoricien. Un théoricien fou. Mais un théoricien quand même. De quoi ? De la névrose. Qu’il refusait pour son propre compte et qu’il nous laissait. C’est pourquoi, nous gagnons à le lire. 

Philosophe, il était professeur en sciences de l’éducation à l’université Paris VIII. Il est également directeur de programme au Collège international de philosophie. Son travail porte principalement sur les processus symboliques et se situe à la jonction de la philosophie du langage, de la philosophie politique et de la psychanalyse. Ses travaux nous interpellent sur la société que nous construisons en occident et s’interroge sur son devenir. Il est l’auteur de nombreux articles et livres dont « La Cité perverse – libéralisme et pornographie » (Denoël, 2009) et « Le délire occidental » (Les liens qui libèrent, 2014).  

14H45 : Pause 

15H00 :  “La folie, entre l’ordre du Discours et l’écriture de la Différance “ par Marc Goldschmit. 

Foucault et Derrida interrogent la folie pour autant que celle-ci met en jeu le pouvoir de philosopher et la possibilité même d’écrire une histoire de la folie. J’aimerais revenir au dissensus qui a séparé ces deux philosophes majeurs, afin de poser la question suivante : le rapport de la folie au langage relève-t-il plutôt du discours ou de l’écriture en un sens général ?    

Doit-on la penser dans la perspective d’un savoir-pouvoir social, ou comme un jeu de différences connecté à la teneur de la littérature ? 

Il est professeur agrégé de philosophie, habilité à diriger des recherches, ancien Président et Directeur du Collège International de Philosophie. Il a récemment publié : La vie sans appui. Penser à la limite de la théologie et de la religion (Kimé, 2023), La littérature, l’autre métaphysique (Manucius, 2020), Sous la peau du langage. L’avenir de la pensée de l’écriture (Kimé, 2020). À paraître en 2024 : L’effraction esthétique. L’écriture de l’art dans le discours philosophique (Kimé), L’histoire extraordinaire de l’ours philosophe et de l’oiseau musicien, conte pour enfants illustré par Cécile Deglain (L’initiale). 

 

16h15 : Conclusion de la journée. 

Les discutants : Pascale Champagne (Psychanalyste et metteuse en scène), David De Freitas (Psychiatre et psychanalyste) et Dominique Bertrand (musicien et écrivain). 

 

En fin de partie : Instantané musical de Shakuhachi et voix. Dominique Bertrand et Iris Pattyn. 

 

 

Informations pratiques :  

La journée se déroulera dans les locaux du Gué, centre thérapeutique et culturel 

300, chaussée de Roodebeek 

1200 Woluwe-saint-Lambert 

 Réservation via le formulaire ici, ou à l’adresse mail : secretariat@le-gue.be 

La participation est de 60 euros (le repas du midi est inclus) à verser sur le numéro de compte :  

BE80 0042 5004 3377 

Tarif étudiant : 25 euros 

 

La demande d’accréditation est en cours